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Vite Ma Dose

  • Rémi 

Nous sommes confinés depuis un mois, et j’ai la chance d’habiter en face d’un grand parc où je promène mon chien plusieurs fois par jour (oui certains chiens ont été les grands vainqueurs du confinement avec la complicité de leur maître..)

Très peu de personnes profitent encore du parc, et je me dis qu’ils doivent avoir très peur du virus pour abandonner ainsi leurs habitudes de promenade en un lieu où l’on ne croise plus personne ou presque.

Un groupe de dealers l’a d’ailleurs bien compris, puisqu’ils y ont installé leur point de vente (le parc est en effet bien mieux adapté à leur activité, en cette période, que la cité où ils résident et qui est située largement au-delà du kilomètre réglementaire..)

Ce jour là alors que je promène mon chien, nous traversons la passerelle étroite située au milieu du parc et qui mène à la croisée de chemins où ils se sont installés. Deux types sont sur la passerelle, deux autres au carrefour. Ils se poussent à peine, je les dérange.. regards malsains, de travers.

Quelle délicieuse ballade avec d’un côté la menace d’amende pour non-présentation du laisser-promener (preuve qu’on sait cocher des cases) ; et de l’autre ces racailles qui pourrissent ma liberté conditionnelle en me faisant savoir que je ne suis pas le bienvenu chez moi..

Mon pays vient d’entrer en état d’urgence, et des dealers en profitent pour dessiner une zone de non-droit en bas de chez moi, dans mon jardin. Je pense aux enfants et aux peu de gens qui s’y promènent encore, à ce couple avec leur poussette, à ces retraités, et à mon chien face à leur Rottweiler..

Mais que fait la police !? Et bien s’ils jouissent d’une telle impunité, c’est qu’elle est bien trop occupée à traquer mes concitoyens qui ne se sont pas auto-autorisés.

Au fil des jours le dispositif de deal monte en puissance et c’est un véritable ballet de voitures sur le parking.

Mon voisin est policier sur une commune voisine. Je sonne à sa porte et je lui explique ce qui se passe en bas de chez nous : « Je sais » me répond-il « mais qu’est-ce que vous voulez, les collègues sont débordés ».

« Par les attestations de sortie ? » je lui réponds. On se regarde en silence. Gêne. Flagrant délit d’Absurdie caractérisée.

« Vous pouvez les appeler ou vous déplacer » me dit-il, « mais ils vous répondront qu’ils n’ont plus les effectifs ; et de toutes façons à quoi bon.. » Alors j’insiste pour qu’il prenne contact lui-même avec ses collègues.

Je lui redis ce qui se passe : quatre ou cinq dealers patibulaires présents tous les jours, des clients adolescents qui fument directement sur le parking, de vieux clients au visage ravagé par la came ; et des gamins qui passent.

Covid ou pas, la drogue tue toujours..

Cause à effet ou hasard ? Une semaine plus tard les types étaient partis.

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