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Le caractère essentiel des mauvaises gnôles

Novembre 2020 – second confinement.
Un de mes amis sort du travail quand sa femme l’appelle : « peux-tu passer acheter des culottes pour la petite ? c’est important ! » (pénurie de changes propres).

Il se rend à l’hypermarché où il bifurque immédiatement vers le rayon habillement, pour découvrir que l’allée est barrée par un cordon rouge et blanc. Une véritable scène de crime. Les culottes de la petite ? Des « biens non-essentiels ».

Il se dirige alors vers le rayon livres, mais c’est la même chose : le renouvellement des histoires pour bien s’endormir, ce sera pour plus tard – « non-essentiel ».

Dépité mon ami rebrousse chemin et se dirige vers la sortie, en passant par l’allée centrale où il découvre le Spectacle d’une magnifique pyramide de bouteilles de whisky Clan Campbell, fière comme un sapin de Noël et qui sublime le panneau qui la jouxte : « Pour deux bouteilles achetées, la troisième est offerte ! »

Elles sont là, indécentes, de l’apéro à pas cher pour tous les soirs de la semaine et du weekend.

Mon ami qui s’était mis en quête de biens à ses yeux essentiels au bien-être de sa petite fille, ignorait que les experts en avaient jugés autrement : les culottes propres et les histoires du soir étaient désormais des biens « non-essentiels ».

En revanche se prendre une bonne cuite, voilà une option qu’autorisaient par leur nature jugée « essentielle » ces bouteilles de mauvaise gnôle offertes à son porte-monnaie et à sa déception.

Mais bon de toutes façons mon ami n’aime pas le whisky.

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